Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 11:55

 

 

 

Choqué, indigné, attristé, atterré et autres mots en "é", nous sortons tous d'un mercredi pas comme les autres qui nous aura laissés un peu k.o et nous aura rappelés (pour ceux qui l'auraient oublié !), que l'homme est un loup pour l'homme et que nous sommes bien peu de choses ma pauv'dame !!


Alors oui le monde tourne mal et les hommes sont devenus fous et pourtant va tout de même falloir reprendre le cours des choses, à peu près là où nous les avions laissé, parce que - ce n'est pas vous qui me lisez qui me direz le contraire - seule la culture nous sortira de cette merde !

Oui bon ok avec accessoirement un peu d'amour, beaucoup de second degrés et des dirigeants politiques qui  prennent enfin les bonnes décisions ... mais ne nous égarons pas, notre créneau, ici, c'est la littérature !!!

 

Enfin, tout ça pour vous dire quand même que je n'avais pas trop la tête au 3bouquins ces derniers temps et que ce n'est ni "Le square" de Margueritte Duras, ni "Trompe-la-mort'" de Jean Michel Guénassia et encore moins "Bad girl" de Nancy Huston qui m'auront donnée l'envie irrépréssible de reprendre le chemin du blog !!! Non, ceux là je vous en glisserai peut-être deux lignes pour vous dire combien ils ne m'ont "Pas convaincue" ... enfin, on verra,  chaque chose en son temps, chi va piano, va lontano !!

 

Celui qui m'aura donc fait reprendre le clavier, c'est le merveilleux roman de Marie Sizun, La Maison-Guerre.

Nous le savons bien, nous lecteurs assidus, que la rencontre avec un roman tient à d'infimes éléments, le moment, l'humeur, le lieu, la lecture d'avant ...Etc ...

Et là, lire La Maison-guerre, c'était clairement LE moment ! Marie Sizun nous invite avec ce dernier roman à suspendre le temps pour partir à la recherche du temps perdu ... Oui l'ombre de ce cher Marcel plâne indubitablement sur ce roman, et suspendre le temps, c'était bien ce qu'il me fallait, là tout de suite !

L'incipit de La Maison-Guerre est déjà une invitation à partir pour ce doux voyage qu'on appelle la mémoire et dans lequel comme Marie Sizun j'aime me réfugier. 

"Quand je suis fatiguée d'ici, des gens et des choses d'ici, c'est là-bas que je retourne. A là maison. Cette maison qui n'existe pas, qui n'existe plus."

Univers Proustien, vous disais-je, avec ses madeleines qui ne tiennent à rien et qui sont pourtant les trésors de l'enfance, avec la grande tante qui mériterait un roman pour elle seule, avec la mère dont on attend tout, qui est tout et dont le manque est une blessure dont on ne guérrit jamais, et puis bien sûr la maison avec ses odeurs, son escalier sombre, son poste de radio et tout un monde qui se créé et qui est celui de la magie et de la solitude de l'enfance.

Roman, dont je ne sais s'il est autobiographique, et pourtant le ton est si juste, le chagrin si perceptible et les souvenirs si puissants que je ne peux croire à une fiction. 

Nous sommes en 1944, lorsque Marie qui a 4 ans est conduite par sa mère dans une maison loin de Paris, une grande et belle maison dans laquelle elle sera à l'abri, confiée à de vieilles parentes.

Merveilleux roman sur l'enfance car c'est à travers la perception de la petite Marie qui se souvient que nous prenons la mesure d'une violence souvent muette, d'une période faite de non-dits, de honte, de culpabilité, d'un monde qui s'écroule et dans lequel Marie va se construire avec sa troublante vérité, ses petits bonheurs faits de rien et la résilience d'une maison, tel un refuge, dans laquelle elle reviendra puiser des forces tout au long de sa vie.

 

Voilà comme Marie Sizun j'aime me rappeler que lorsque c'est trop moche dehors, il y a toujours la possibilité de "ce jeu, délicieux et cruel, les véritables jeux ne le sont ils pas ? On peut le pratiquer partout, dans la foule du métro, ou prisonnier d'un long voyage en train, ou quand, au coeur de la nuit, on se réveille, dans l'étonnement triste de sa vie. Alors, on s'en va, on retourne à la maison. La sienne. La maison secrète. Chacun en a une."  

 

Et puis puisqu'on parle de mémoire, ce roman nous rappelle aussi un certain devoir qu'il ne faudrait pas oublier, le devoir de mémoire aux noms de ceux que nous pleurons encore, victimes de la barbarie et de la terreur subies par un parti d'extrême-droite, devoir de mémoire d'autant plus d'actualité que "le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde." 

 

Force est de constater que le roman refermé, c'est toujours aussi moche dehors !!!

Mais c'est là tout le pouvoir de la littérature, un roman refermé, on peut en ouvrir un autre ... et l'élève m'a clairement donnée envie de suspendre un peu plus le temps avec le maître ... Ne bouge pas Marcel, j'arrive ... 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
Je suis sûre que Borges aurait été fier de lire les pages de Marie Sizun, et les tiennes aussi.<br /> Très belle chronique que tu nous livre là, je suis convaincue.
Répondre
S
de Marie Sizun j'ai &quot;la femme de l'Allemand&quot; dans ma PAL qui semble être sur la même thématique que celle là, s'il me plait j'enchaînerai sur Maison-Guerre.<br /> c'est très beau ce que tu dis sur le devoir de mémoire, mot trop souvent galvaudé mais ô combien nécessaire?-.
Répondre
L
A lire une telle chronique, on ne peut que succomber à la tentation. Vraiment, tu as l'art et la manière de nous convaincre par ces lignes tout en subtilité, pétillantes d'intelligence et toujours avec la pointe d'humour qui sied. Voilà donc un livre qui arrivera certainement dans ma PAL grâce à toi !
Répondre
M
Merci Sylvie, voilà qui me touche !!<br /> Je suis d'autant plus ravie de t'influencer à le lire que Marie Sizun n'a pas la couverture médiatique qu'elle mérite et qu'il serait vraiment dommage de passer à côté d'un tel roman .
V
Quel beau texte ! comme j'aimerais en être l'auteur, moi qui suis si &quot; touchée &quot; par la lecture de tous les romans de Marie Sizun. Celui-ci m'attend , je le regarde et j'attends le moment propice pour y entrer...... A propos de Marcel, nous passons l'hiver ensemble, et nous sommes actuellement à Doncières, avec Saint Loup .... Marcel est parfois assez peu supportable... mais son écriture est sublime...
Répondre
M
Votre message m'enchante, Violette !! Revenez souvent déposer quelques mots ici !!!!
A
Une auteure que j'apprécie. Un titre que je note, par conséquent.
Répondre
M
Un de ses meilleurs !!!
M
Vous savez, quand on vient de voir partir ce petit navire qu'est un nouveau livre, combien on est anxieux de son aventure, avec quel soin on le surveille, et le bonheur qu'on a à lui voir prendre le bon vent...Votre chronique, comme quelques autres, c'est ce souffle rassurant ! Merci à vous pour ces lignes de sympathie, d'intelligence complice.
Répondre
M
Merci à vous, Marie Sizun, pour avoir pris le temps de ces quelques mots, pour votre générosité, votre douce sérénité et pour vos romans qui me réchauffent et m'apaisent depuis plusieurs années déjà .
E
J'ai lu Plage il y a quelques temps et ça m'avait beaucoup plu. Et Proust me fait de l'oeil depuis si longtemps...
Répondre
M
J'avais adoré Plage et celui-ci est dans la même lignée pour moi, ce sont d'ailleurs mes 2 préfèrés !!<br /> Et puis Proust ... à lire , relire ...
E
J'avais vraiment hâte de lire un avis sur ce livre, bel article, il faudra que je me le procure !
Répondre
M
Ah oui ? Tu aimes ? ... alors j'attends ton billet !!!
M
Ha non, il me plait beaucoup Algernon et en plus, je sais qu'à la fin j'enchaîne sur Blondel!
M
Pour moi c'est vraiment l'un de ses meilleurs romans probablement parce qu'il est très personnel, tu ne seras pas déçue , j'en suis certaine, surtout si tu aimes déjà Marie Sizun.
T
Dommage pour le Guenassia! La maison guerre est tentante!
Répondre
M
Ah oui je comprends que tu aies hâte de le terminer ... moi il m'est tombé des mains !
M
Qui sait...là j'ai hâte de finir Des fleurs pour Algernon puis de retrouver Blondel !
M
Oh la la ! Oui énorme déception pour le dernier Guenassia que je le réjouissais de lire, tant j'ai aimé ses deux précédents romans ... je me suis même demandée si c'était bien lui qui l'avait écrit , c'est te dire !
M
Très belle chronique Maika, qui relie l'actualité à la littérature, l'ancien au nouveau. Tu es convaincante, ce livre pourrait me plaire. Je garde Proust pour mes vieux jours...comme Virginia Woolf et Henry James et d'autres encore. Le passage sur les jeux est très beau...
Répondre
M
Alors là pour le coup, je suis certaine que ce roman te plaira Pat, et puis si tu ne connais pas encore Marie Sizun, c'est une auteure que tu vas aimer !
A
J'avais commencé &quot;La femme de l'allemand&quot; et je n'avais pas accroché mais ce n'était pas un moment où j'avais envie de le lire, je le reprendrai c'est sûr ! On verra ! ;)
Répondre
M
C'était pas mal du tout &quot;La femme de l'allemand&quot;, pas mon préfèré mais quand même il vaut la peine que tu y reviennes ...
A
Je me laisserais presque convaincre ........m'enfin ma dernière experience n'a pas ete des plus réussie .et j'ai tant à lire .....je vais egalement retrouver Marcel sous peu..
Répondre
A
D'accord !
M
Ah tu es juste devant ...<br /> Tiens tu me diras quand tu le commences, pas impossible que je t'accompagne !!
A
à l'ombre des jeunes filles en fleurs..
M
Ah oui ?! Ce sera pour quel titre ? Je relis Du côté de chez Swann, et qu'est ce que c'est bon !!!

Qui Sommes-Nous ?

  • : Les trois petits bouquins et le grand méchant tome...
  • : Blog dédié entièrement à la littérature en général et aux romans en particulier. Les 3bouquins est un lieu de rencontre et d'échange pour tous ceux qui partagent ma passion pour les livres !
  • Contact

Rechercher Un Article

 

Piscine03

 

Pour nous écrire

Vous pouvez nous envoyer un mail :

3bouquins@gmail.com