C'est toujours touchant un auteur qui se livre et nous raconte son parcours.
Richard Russo est un romancier américain salué par la critique, récompensé par le prix Pulitzer et au succès public sans faille depuis des années.
Dans son dernier roman, il prend le risque de l'intimité, du voile levé sur la relation à sa mère faite de culpabilité, de tristesse, d'incompréhension et de colère .
Après avoir lu Ailleurs, les thèmes de prédilection de l'auteur prennent tout leur sens, la relation familiale, le retour au source, les petites villes de l'Amérique dite profonde, autant de sujets qui hantent Richard Russo depuis l'enfance et dont il nous parle ici avec pudeur et chagrin.
Alors que l'auteur quitte sa ville natale pour vivre sa vie, contruire sa propre famille et rencontrer le succès, un lien puissant et toxique le ramène inexorablement vers sa mère . Femme autoritaire, fière et atteinte de toubles obsessionnelles, elle va avoir une emprise perverse et abusive sur son fils durant des décennies et ce jusqu'à sa mort.
Partagé entre la colère pour une mère, incapable de couper le cordon et la culpabilité de ne pouvoir la sauver de ses démons, Richard Russo raconte une histoire d'amour filiale touchante, écrite avec le recul et la lucidité indispensable pour comprendre comment tout cela a pu arriver.
Sans être le roman du siècle, Ailleurs est un roman qui se laisse lire et qui permet une approche intéressante de l'oeuvre de Russo.
Le mot de l'éditeur :
Peu de temps après la disparition de sa mère, Richard Russo, l'écrivain couronné du prix Pulitzer et auteur d'une dizaine de romans traduits dans le monde entier, prend la plume pour décrire la vie de cette femme autoritaire mais fragile qu'il adora autant qu'il la subit. À chaque étape de l'existence de son fils, de son enfance dans la banlieue industrielle de New York à sa carrière dans les universités américaines, à travers les différents seuils de son mariage, l'éducation de ses deux filles et les améliorations successives de son niveau de vie, elle le suivit comme une ombre encombrante et intouchable, ballottée au gré des déménagements successifs, écartelée entre ses tentatives de préserver un mode de vie qu'elle souhaitait « indépendant » et
les violentes crises nerveuses dont elle était si souvent victime, et qui marquèrent à jamais l'ensemble de la famille Russo. Ailleurs retrace le déchirant parcours d'un être torturé sa vie durant par un trouble obsessionnel-compulsif diagnostiqué trop tard, mais constitue, avant tout, la plus belle épitaphe adressée à sa mère par celui qui, parvenu enfin à la comprendre, fut son unique raison de (sur)vivre