Alabama Song de Gilles Leroy
Ce roman m'attendait depuis un bon moment, après l'avoir débuté, puis reposé, puis repris deux mois plus tard pour ne plus le lâcher .
C'est qu'il est de ces romans pour lesquels il faut être prêt, disponible ... comme qui dirait "in the mood ..."!
Avec Alabama Song, Gilles Leroy nous raconte de manière très forte et déroutante, que d'autres qualifieront de schizophrénique, l'histoire passionnelle et destructrice entre Zelda et Scott Fiztgerald.
Histoire qui en inspira d'autres, comme The Doors qui chanta la fameuse "Alabama Song" qui inspira ce titre à Gilles Leroy
L'auteur choisit le regard, la voix et l'âme de Zelda pour nous raconter sa vision de l'histoire. La narration est empreinte de subjectivité, d'émotion et d'une atmosphère très particulière qui nous permet de plonger au coeur de ce que fût Zelda.
"On dit que ma folie nous a séparés. Je sais que c'est juste l'inverse : notre folie nous unissait. C'est la lucidité qui sépare."
L'auteur aime son personnge et il nous le fait aimé par le regard tendre et honnête qu'il pose sur elle, Scott Fitzgérald fait pâle figure à côté !!
"Et si je m'étais trompée de vie ? Si mon orgueil idiot avait causé ma perte ?
La question me hante depuis deux jours. Lancinante."
La plume de Gilles Leroy m'a parue parfaite pour dépeindre l'âge d'or, cette génération dite perdue que le couple légendaire incarnait si bien. Sa plume se veut tantôt poétique, tantôt crue à l'image de cette époque, le vocabulaire et la construction sont recherchés et précis ... un vrai plaisir de lecteur !
Un roman à lire si on aime les jolies plumes, si on aime les romans qui dévoilent les coulisses des grands auteurs, si on aime les mythes qu'on malmène, et si on aime les personnages forts qui nous accompagnent longtemps après .
Pas une fin en soi ni un critère de qualité, mais je précise aux amateurs du genre, que ce roman a reçu le Prix Goncourt en 2007 !
Le mot de l'éditeur :
Le lieutenant Fitzgerald a vingt et un ans et déjà beaucoup de talents. Il danse à merveille toutes les danses à la mode, m’apprend le turkey trot, le maxie et l’aeroplane ; il écrit des nouvelles que la presse publiera bientôt, il en est certain ; il est propre et élégant, il sait le français – c’est grâce à sa connaissance du français qu’il a été fait lieutenant d’infanterie après ses classes à Princeton, les francophones jouissant d’un privilège qui les propulse officiers – et surtout il est propre et soigné, sa mise d’une coquetterie presque dandy. » Celle qui s’exprime ainsi, c’est Zelda Sayre, la fille du juge Sayre, petite-fille d’un sénateur et d’un gouverneur, véritable diable à tête blonde de Montgomery, Alabama. La « Southern Belle » et l’officier deviennent après-guerre des célébrités adulées par le Tout-Manhattan, ils font la une des journaux, ont leurs portraits au frontispice des théâtres et des cinémas. Ils sont beaux et photogéniques : les années 20 leur appartiennent. De l’Alabama à l’aile psychiatrique du Highland Hospital de Ashville où elle est suivie pour troubles mentaux intermittents, Zelda se souvient de cette vie qui ressemblait à un « cloaque de chic », comment ils ont pu s’aimer au départ et comment ils se sont supportés toutes ces années. Alabama Song traduit avec brio la douceur et le tranchant, l’immobilité et le chaos d’un monde qui bascule. Avec inspiration et finesse, Gilles Leroy fait tomber un à un tous les masques et redessine en creux un portrait neuf de Zelda Fitzgerald