Eh bien, on en apprend des choses dans ce roman ... et ce n'est pas joli, joli !!!
C'est à travers le regard et la voix du bras droit et compagnon d'Edgar Hoover que nous plongeons dans les coulisses du pouvoir suprême des Etats-Unis sur plus de 50 ans ... et c'est carrément stupéfiant !
Marc Dugain s'attache habilement à dépeindre le portrait de cet homme tout puissant, directeur du FBI, qui manipula et organisa la vie politique sur un demi siècle et sous huit présidents américains .
Le portrait d'un homme plein de contradictions, de conflits intérieurs et de faux semblant ... tout comme le pays qu'il incarnait si bien.
Sous des allures de puritanisme et de moral, Edgar souffre d'une malédiction : son homosexualité !
Et c'est précisément cette dualité intérieure qui donne toute l'ampleur de ce roman, tant Hoover ressemble au pays auquel il est si attaché !
Nous parlons de cette Amérique qui fait rêver le monde entier ... mais qui traite encore les noirs de nègres !
Nous parlons des Kennedy, le couple présidentiel le plus glamour de tous les temps ... sauf que John a des allures de DSK .
Nous parlons de cette amérique donneuse de leçon ... qui interdit l'entrée de leur hotel de luxe aux juifs.
Nous parlons de cette amérique "terre d'accueil" ... qui fait la chasse aux communistes.
Un Marc Dugain qui balance et nous fait frémir, penser que nos vies sont ainsi tenues par des fils manipulés par des guignols voire de grands malades ... de quoi rire si ce n'était pas si effrayant !!
On peut aussi le lire comme un divertissement passionnant et déconcertant en se laissant croire que cette époque est bien révolue ... oui, on peut toujours y croire !!
Le mot de l'éditeur :
" Edgar aimait le pouvoir mais il en détestait les aléas. Il aurait trouvé humiliant de devoir le remettre enjeu à intervalles réguliers devant des électeurs qui n'avaient pas le millième de sa capacité à raisonner. Et il n'admettait pas non plus que les hommes élus par ce troupeau sans éducation ni classe puissent menacer sa position qui devait être stable dans l'intérêt même du pays. Il était devenu à sa façon consul à vie. " John Edgar Hoover, à la tête du FBI pendant près d'un demi-siècle, a imposé son ombre à tous les dirigeants américains. De 1924 à 1972, les plus grands personnages de l'histoire des Etats-Unis seront traqués jusque dans leur intimité par celui qui s'est érigé en garant de la morale. Ce roman les fait revivre à travers les dialogues, les comptes rendus d'écoute et les fiches de renseignement que dévoilent sans réserve des Mémoires attribués à Clyde Tolson, adjoint mais surtout amant d'Edgar. A croire que si tous sont morts aujourd'hui, aucun ne s'appartenait vraiment de son vivant