Attention, lecture douloureuse mais nécessaire !
Robert Merle écrit ici un roman bouleversant, intense et terrifiant et nous parle de la déshumanisation au nom du devoir.
Ce roman retrace le parcours de Rudolphe Hoess qui fut responsable de l'ouverture et du fonctionnement du camp d'extermination d'Aushwitz.
De son enfance, dans laquelle tout son conditionnement psychologique va se jouer, à son son entrée dans l'armée jusqu'à sa nomination à ce poste qu'il ne souhaite pourtant pas, Robert Merle nous raconte pas à pas comment un homme peut perdre toute notion d'humanité par devoir d'obéissance en dressant un portrait magistralement mené et aboutit.
Un récit qui donne la nausée, parce que bien évidemment tous les faits racontés sont documentés et bien réels, mais qu'il est pourtant nécessaire de lire pour pouvoir enfin tenter de répondre à cette question : "Mais comment des hommes ont pu faire ça ?".
Tout le travail et l'intelligence de Robert Merle est de nous faire comprendre le fonctionnement et le conditionnement du cerveau nazi, il serat trop simpliste et trop réducteur de condamner les SS pour seuls crimes d'antisémitisme et de barbarie ... oui il s'agissait aussi de cela mais ce n'est pas uniquement ce qui guidait leurs actes, et je dirais même que ce n'était pas leur raison première, et c'est ce que ce roman tend à nous expliquer.
Le sens du devoir, le sens de l'honneur et ce putain de devoir d'obéissance militaire ... autant de chefs d'accusation responsables des pires horreurs de l'histoire !
"[...] Il faut qu'ils comprennent qu'un SS doit être prêt à exécuter sa propre mère, si l'ordre lui en est donné."
Un récit qui donne envie de hurler et qui nous démontre une fois encore combien le potentiel du cerveau humain peut-être effrayant.
Le mot de l'éditeur :
«Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi...»