Hé hé...
Piquée au vif, me voilà avec mon interview fraîchement arrivé de Saint Cloud via notre grande voyageuse... Entre la Syrie, Concarneau, Francfort, et j'en passe notre rebelle a pris le temps de se poser !
Faisant fi de sa paperasse, je lui fais une HOLLLLLAAAAAAA !
Et oui, cet article me tenait à coeur car "Une odeur de gingembre" a été un vrai coup de foudre...
Et, à y bien réfléchir, nous avons beaucoup de lectures communes avec Françoise (Tsubaki, la poursuite du
bonheur, Assez parlé d'amour, Les braises, Paradis conjugal, Grâce et dénuement, Oscar et la dame rose) il me tardait donc de l'interroger
sur une lecture commune et de vous délivre son sentiment.
Qu'as-tu pensé de ce livre ?
J'ai un grand faible pour les livres qui relatent des destins de femme : "American Darling" de Russell Blank (que je n'ai pas proposé encore mais ça ne va pas tarder), "La Poursuite du bonheur" de Douglas Kennedy et bien d'autres encore. J'aime quand le personnage principal est une femme. Et si, en plus le livre me fait découvrir une période de l'histoire que je connais mal - L'Afrique sous domination américaine pour "American Darling" (ainsi que la jeunesse post guerre du vietnam), le Mac Carthysme pour "La Poursuite du Bonheur" - c'est banco.
Or là les deux sont réunis, une destinée extraordinaire mais dans le vrai sens du terme rien n'est ordinaire dans la vie de Mary Mackenzie et une époque : l'Asie du début du XXème siècle. J'ai donc beaucoup aimé ce livre. Et pourtant ce n'était pas gagné au début. Le style, lettres un peu guindées à la mère et journal intime factuel et un peu mièvre du personnage très vieille europe me barbaient un peu. C'était lent, je trouvais Mary passive. Mais ça installe un rhythme très oriental et puis l'ordinaire devient tellement extraordinaire que le personnage s'étoffe et on est bluffé par ses choix, sa résignation certes mais toujours digne et forte. Elle doit souvent se plier à la loi du plus fort (celle de l'homme ou de la culture du pays d'accueil) mais elle reste toujours debout et finit malgrè tout ce qui lui arrive à se trouver elle même.
Pourquoi l'avoir recommandé lors du dernier cercle ?
Parce que j'ai passé un très bon moment à lire ce livre très émouvant mais aussi parce que je trouvais que le rythme du livre changeait des livres contemporains que nous proposons au cercle. Mary Mackenzie est une vraie héroine et pourtant elle ne semble jamais se mettre en avant. Les personnages qui jalonnent sa vie semblent tous beaucoup plus importants qu'elle, en fonction de ce qu'ils sont ou ce qu'ils font et décident elle s'adapte et devient néammoins quelqu'un complètement en charge de sa vie. Cette vie que tous ont pourtant de manière plus ou moins dramatique un peu amputé. En fait, Mary Mackenzie se construit sur des manques et finit par avoir autant de pouvoir, à la fin du roman, que tous ces gens qu'elle a croisés et qui ont décidé pour elle. Car c'est ça aussi le thème du livre, comment à cette époque une femme pouvait arriver à décider pour elle même étant donné le statut de la femme dans les cultures asiatiques et occidentales huppées du début du XXème siècle.
Qu'en est-il du contexte historique ?
Génial, j'ai appris beaucoup de choses, les cours d'histoire dans le secondaire en France zappent un peu tout ce qui s'est passé avant la guerre 39/45 surtout dans des régions qui n'étaient pas sous "protectorat" français ou alors c'est moi qui ai zappé ce que l'on m'en avait dit !
Donc c'était top, j'ai adoré l'observation par le personnage de la vie en en Chine et au Japon du début du XXème siècle.
Dans ce communiqué, la dynamique clodoaldienne expliquait qu'elle avait également apprécié bien d'autres choses...
... Il y a encore plus dans ce livre que ce que j'ai mentionné. Beaucoup de psychologie, une belle description des rapports humains : dans les rapports mères/filles, mais aussi l'amitié entre femmes. Les relations hommes/femmes et rapport de couple ne sont pas très à l'honneur en revanche. On ne referme pas le livre en se disant quel bonheur de tomber amoureuse !
Lorsque je lui pose la question "est-ce que tu aimes les auteurs japonais ?", elle me dit :
Oui chérie, grâce à toi je commence à être séduite -ie Tsubaki- mais en ce qui concerne "Une odeur de gingembre" la question et donc la réponse ne sont pas appropriées. L'auteur était juste né à Tokyo je crois...
Incroyable : elle m'appelle 'chérie' : LA CLASSE !!!
Chez z'amis, elle l'a fait sans filet !!
Le pitch :
En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l'attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d'esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu'elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l'on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s'intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l'originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.
A la semaine prochaine pour l'interview d'Emma qui nous parlera de Philippe Labro...