
Confiteor est une prouesse littéraire, un récit hors norme, un roman à part.
Défiant toutes les lois de la narration, Jaume Cabré raconte et tout le monde se tait .
Lorsque la petite histoire est aussi intelligemment mêlée à la Grande, cela donne un roman ambitieux, brillant et fascinant comme on en lit rarement.
Il aura fallu huit années à Jaume Cabré pour écrire près de 800 pages dans lesquelles tout s'entremêle et se chevauche pour donner corps à une époustouflante symphonie sur le Mal à figure humaine et le Mal absolu qui n'a plus rien d'humain .
Au travers des six derniers siècles, l'auteur nous confronte à notre mémoire collective, multipliant les narrateurs et les histoires jusqu'à la confusion, il nous offre une fresque monumentale sur l'Amour et le Mal. C'est déconcertant, captivant et admirable à la fois.
Il est presque impossible de résumer l'histoire de ce roman sans entraver son souffle et sa portée, je peux juste vous dire que Confiteor,
c'est l'histoire d'un enfant surdoué destiné par son père à devenir un grand humaniste et par sa mère un grand violoniste,
c'est l'histoire d'un homme en quête de sens sur une filiation au lourd passé Historique,
c'est l'histoire d'un violon d'exception, objet de toutes les convoitises et de tous les crimes,
C'est l'histoire de blessures dont on ne guerrit jamais,
C'est l'histoire d'un récit telle une prière commençant par ce mot Confiteor, destiné à Sara, la bien-aimée.
Nous en avons lu des pages écrites sur les immondices du III Reich, et nous n'en n'avons pas encore fini de cette nausée inévitable à la lecture de ces témoignages. Et si Confiteor n'est pas un roman sur la Shoah, comment ne pas en parler quand on traite du Mal absolu ? Auschwitz-Birkenau y est bien l'épicentre de l'abjection totale, mais dans Confiteor le Mal s'appelle aussi Franquisme ou Inquisition.
Jaume Cabré est un écrivain qui aime la littérature, et cela donne un roman généreux et intelligent qui exige un lecteur attentif et confiant.
J'aime les auteurs qui croit en l'intelligence de leur lecteur et qui les récompense en leur offrant des romans d'une telle richesse et d'une telle beauté .
Que la taille de ce roman ne vous effraie pas, malgré l'intensité du récit et l'attention qu'il demande, il se lit très vite car une fois commencé vous ne pourrez plus le lâcher !!!
Le mot de l'éditeur :
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale. Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.