W ou le souvenir d'enfance de George Perec
Ma rencontre avec ce roman :
Proposé dans le cadre du cercle, j’ai été intriguée par son titre … et cette lettre – W – très énigmatique.
L'auteur ou ce que j'en sais :
Georges Perec est un écrivain français né en 1936 de parents juifs polonais, tous deux décédés pendant la guerre.
L'histoire ou ce que je veux en dire :
W ou le souvenir d’enfance est un roman que l’on pourrait ranger dans les autobiographies … Mais pas au sens classique du terme.
Georges Perec écrit deux histoires qui s’entremêlent, avec deux narrateurs différents. L’une, autobiographique en caractères droits, est racontée par l’auteur. Georges Perec y rassemble tant bien que mal ses souvenirs d’enfant. L’autre, fictive en italique, est racontée par Gaspard Winckler. Ce personnage imaginaire entreprend le récit de son voyage à W, une ile en apparence idéale où le sport est roi. Sans en dire plus… j’ajouterais juste que la relation entre les deux récits, d’abord incertaine, se précise au fil des pages jusqu'à un terrible dénouement.
Mon avis sur le sujet :
Mes sentiments sont assez mitigés et difficiles à décrire… Sans être passionnée, je reconnais que c’est un livre complexe qui ne m’a pas laissée indifférente…
Très rapidement, j’ai été intriguée par ces deux histoires. Je trouve l’exercice de style très intéressant, même si je reconnais avoir relu le début du livre pour boucler la boucle !
Il y a deux styles d’écriture très différents. L’autobiographie est une liste de souvenirs, sans véritable organisation, avec des zones d’ombres et d’incertitudes… Un système de renvois de notes en fin de chapitre m’a perturbée au démarrage de la lecture. L’histoire fictive est quant à elle beaucoup plus fluide et agréable à lire...
L'image qui me restera de ce roman :
La façon dont Georges Perec utilise le sport et ses exigences pour aborder un sujet historique beaucoup plus terrible…
Une phrase qui donne le ton :
« J'écris : j’écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps ; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur souvenir est mort à l'écriture ; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie. »
Page 63.
Trois mots pour définir ce roman :
Souvenir, disparition, souffrance
Le mot de l'éditeur :
Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun d'eux ne
pouvait exister seul, somme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu'ils jettent l'un sur l'autre, pouvait se révéler ce qui n'est jamais tout à fait dit dans l'un, jamais tout à
fait dit dans l'autre, mais seulement dans leur fragile intersection.
L'un de ces textes appartient tout entier à l'imaginaire : c'est un roman d'aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d'un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l'idéal
olympique. L'autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d'une vie d'enfant pendant la guerre, un récit pauvre d'exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d'absences,
d'oublis, de doutes, d'hypothèses, d'anecdotes maigres.
Le récit d'aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d'un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture,
cette cassure qui suspend le récit autour d'on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d'où est sorti ce livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de
l'enfance et la trame de l'écriture.