La tache de Philip Roth
Ma rencontre avec ce roman :
Je ne connaissais pas l'auteur américain Philip Roth, je n'avais rien lu de lui et aucun de ses titres de roman ne me venait
en tête. Pourtant j'avais entendu de nombreux écrivains français et anglo saxons le citer comme LA référence et leur source d'inspiration. Je voulais comprendre pourquoi, il fallait que je me
lance au moins dans un de ses livres. On m'a dit que ´La Tache´ était l'un de ses meilleurs romans. Allons y pour La Tache alors !
Et je n'ai pas été déçue.
L'histoire ou ce que je veux en dire :
L'histoire commence par le récit d'un écrivain, tout juste installé dans une ville universitaire de la campagne américaine, qui nous raconte l'histoire de son voisin, Coleman, homme d'âge plus que mûr, ancien prof de littérature et récemment mis a la porte en tant que doyen de l'université qui semble reprendre goût à la vie par sa récente rencontre avec une jeune femme de 30 ans de moins que lui, illettrée, femme de ménage à l'université où il a exercé toute sa carrière, décrite avec un entrain et une joie de vivre que notre héros n'a jamais eus. À partir de là, nous allons suivre Coleman, son histoire d'amour toute neuve et d'autres personnages qui ont tous des caractères et des vies très marqués.
Mon avis sur le sujet :
Très vite on se rend compte que Coleman est un homme désabusé, triste, en colère, amer, un peu affabulateur aussi. Par des
retours en arrière dans sa vie, le lecteur, tel un psychanalyste, va petit à petit comprendre pourquoi Coleman en est là avec sa rancoeur et sa hargne et que tous ses sentiments viennent d'un
grand secret de jeunesse dont je vous laisse la surprise. J'ai personnellement été bluffée par la manière dont l'auteur nous révèle ce secret, on ne voit rien venir et pourtant on se doute que
quelque chose va être révélé, que l'histoire va basculer, mais je me suis prise une ´claque littéraire ´ qui m'a incitée à vouloir en savoir encore un peu plus sur cette histoire.
Et puis on veut aussi comprendre comment et pourquoi un ancien doyen peut retrouver une deuxième jeunesse avec cette femme
qui est l'opposée de ce qu'il est, lui, le prof, le littéraire, le blasé, l'homme au secret.
C'est dans les chapitres sur leur histoire d'amour que l'on va faire connaissance avec d'autres profs, d'autres voisins, les
enfants de Coleman, la famille de son amoureuse. Tous très ´barreś´ psychologiquement.
Très finement l'auteur met en lumière le passé pour nous expliquer le présent avec une écriture qui change et s'adapte au
personnage qui nous parle. C'est bluffant lorsque Philip Roth nous fait entrer dans la tête de ses héros et que le style d'un personnage à l'autre change, tout en gardant l'unité de ton du
roman.
Sur fond d'une histoire de vie, Philip Roth nous parle de l'Amérique et des gens. Par le biais d'images presque stéréotypées
de l'Amérique, sans doute transportées par le cinéma, nous y trouvons tous les symboles et les contradictions du pays. Le vétéran du Vietnam, sujet important là bas mais lointain pour nous. La
vie sur un campus universitaire avec les histoires de profs, leurs ambitions, leurs guerres internes et encore là bas la notoriété de la fonction d'être prof perdue un peu ici. L' Amérique
blanche et WASP mise en perspective avec la vie des noirs américains. Le savoir et la culture face au manque d'éducation qui est une autre école de la vie, finalement ni mieux ni meilleure ni
pire. Du sport comme moyen d'intégration pour les classes défavorisées de l'Amérique profonde. Et puis l'auteur nous parle de sujets universels tels que le racisme, l'éducation, l'argent,
l'ambition, la vieillesse... Et l'amour qui surprend et redonne goût à tout à l'orée d'une vie.
Philip Roth avec ´La Tache ´ enfonce un peu des portes ouvertes mais d'une façon très plaisante et agréable à lire. C'est un
livre bouillonnant, plein de petites histoires qui nous font échos avec un léger arrière goût de lutte des classes.
L'image qu'il te restera de ce roman :
Delphine la prof de lettre, jolie française (les françaises ne sont-elles pas toujours jolies dans la littérature américaine
contemporaine ?) venue faire carrière aux états unis, finalement pleine de désillusion et prête à tout pour réaliser son objectif est décrite via un monologue intérieur comme nous en avons tous.
Elle passe dans sa tête d'une idée à l'autre, de pensées contradictoires - je suis brillante rien ne m'arrêtera à je ne vaut rien, que suis-je? - et on y croit, pourtant elle n'est pas bien
sympathique. Nous sommes dans ses pensées et elle dans les nôtres dans ces moments de réflexion qui peuvent nous envahir.
3 mots pour définir ce roman :
Mystification, destinée, Amérique.