Certaines n'avaient jamais vu la mer
de Julie Otsuka
Ma rencontre avec ce roman :
Il m’a été offert, prix femina 2012 étranger.
L'histoire ou ce que je veux en dire :
Ce roman raconte la vie de femmes Japonaises immigrée aux Etats Unis (San Francisco principalement) au début des années 20. Le roman commence par l’éprouvante traversée en bateau pour joindre les USA et ce qui a pu motiver ces femmes à quitter leur vie et leur famille, les autres chapitres nous racontent leurs mariages, les enfants, les rapports avec les américains, le racisme dont elles sont l’objet.
Des premières vagues d’immigrés japonais ont commencés à arriver à la fin du 19eme siècle aux états unis, il semble qu’il s’agissait principalement d’hommes. On a donc fait venir des femmes pour qu’ils puissent se marier et fonder des familles. Ainsi des mariage « à distance » ont été organisés. Toutes les femmes du roman avaient reçu des photographies et des lettres de leurs fiancés – Tous sur le papier sont beaux et embrassent des carrières brillantes
Évidemment les déceptions sont grandes à l’arrivée de ces femmes, quand elles découvrent que les photos datent ou sont mensongères. Elles se retrouvent bien plus souvent mariée à des hommes âgés, occupant des emplois dans l’agriculture, que les beaux chef d’entreprise dont elles pensaient devenir les épouse. On suit donc, les destins de ces femmes qui vont devenir agricultrices, femmes de chambres, prostituées parfois durant tout le roman.
Mon avis sur le sujet :
Malgré un intérêt documentaire indéniable, j’ai été très gênée par la construction narrative du roman : l’emploi du « nous » permettant d’illustrer tous les destins possibles de ces femmes, m’a empêché de me laisser entraîner par l’histoire et empêché toute forme d’empathie et d’émotion. Le roman est une suite d’énumération. Cette distanciation créée par ce « nous » fait qu’on ne fait pas connaissance avec aucun des personnages, puisqu’ils sont multiples et nous amène à survoler leur histoire. Selon moi, c’est totalement raté, alors que l’histoire, mieux exploitée aurait vraiment pu créer un très bon roman. En revanche, une de mes connaissances a beaucoup aimé, considérant au contraire que l’emploi du nous l’avait inclue dans l’histoire. Elle a été très touchée, tout à l’inverse de moi.
Trois mots pour définir ce roman :
Exil, désillusions, Déculturation
Une phrase qui donne le ton :
"Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines
n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements. (…) Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais
vu la mer"
Le mot de l'éditeur :
L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les
vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.
C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant
les décevoir.
À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser
une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli.