Le problème Spinoza d'Irvin Yalom
chroniqué par Sophie
Ma rencontre avec ce roman :
Framboise, du cercle, qui aime bien cet auteur aussi me l’a recommandé.
L’auteur ou ce que j’en connais :
Il aime bien mêler la philosophie et la psychanalyse. Dans ce cas précis, vient aussi se rajouter une forte dimension historique à travers le personnage de Rosenberg.
L’histoire ou ce que je veux en dire :
A la genèse de l’écriture du livre se trouve une question : pourquoi le Reichsleister Rosenberg, grand idéologue du IIIe reich et tête pensante d’Hitler a-t-il pillé systématiquement la bibliothèque de Spinoza en mai 1940 ?
L’auteur a pris le parti de faire se succéder, au gré des chapitres, la vie de Spinoza avec celle de Rosenberg. L’histoire débute alors que Spinoza, encore jeune et considéré comme un prodige par les grands rabbins, en vient progressivement à mettre en doute publiquement la véracité des textes religieux et du message divin. Pour Spinoza, dieu est un « être » infiniment parfait ni bon, ni mauvais et qui n’a rien à voir avec l’homme, c’est au contraire l’homme lui-même qui prête à dieu des intentions qui n’ont rien à voir avec lui. Les textes religieux ne sont qu’une compilation de textes qui peuvent se contredire. Ils véhiculent un état de superstition qui rend l’homme comme étranger à sa propre intelligence et à son libre-arbitre. Ces révélations font l’effet d’une bombe dans la communauté des juifs d’Amsterdam de l’époque et vont conduire le grand rabbin à prononcer contre lui un herem d’une violence inouïe. Spinoza est banni à jamais de la communauté, personne ne doit plus lui adresser la parole, ni lire ses écrits ni parler de lui. Il va donc devoir quitter les siens…
Rosenberg, déjà très antisémite à 16 ans, reçoit comme punition de lire l’Ethique de Spinoza. Mais ce texte résiste à sa compréhension et surtout, pour lui, il est inimaginable qu’un juif ait pu écrire un texte d’une telle intelligence. Cela va lui poser problème toute sa vie, alors même qu’il commence à se faire connaître pour ses idées extrémistes et qu’il se rapproche du jeune Hitler qui fait de plus en plus parler de lui.
Mon avis sur la question :
L’auteur nous permet de comprendre le cheminement de la pensée spinoziste mais ça se lit comme si c’était un roman car c’est très vivant. On ressent l’atmosphère des lieux, on est touché par l’histoire aux échos très actuels.
Avec ce même souci du détail et ce sens du rythme, on assiste à la naissance du monstre Rosenberg, dans une Allemagne remplie de rancœur à la suite de la défaite et du traité humiliant qui l’a suivie. Et cette fois, la psychanalyse ne sera d’aucun secours… L’alternance entre les deux récits fonctionne bien et donne de l’épaisseur à l’histoire.
Trois mots pour définir cette œuvre :
- rationalisme
- vérité
- liberté
Une phrase qui donne le ton :
La force d’une conviction est sans rapport avec sa véracité.