Ru de Kim Thuy
Ma rencontre avec ce roman :
Ru était le le 'livre commun" du cercle Hoche, au mois de septembre dernier.
L'auteur ou ce que j'en sais :
Kim Thuy est née en 1968 à Saïgon dans une famille aisée. Elle quittera le vietnam à 10 ans, boat people parmi ceux qui fuit le communisme. Elle est diplomée en droit , langues et traduction à l'université de Montréal où elle vit depuis 30 ans, mariée et mère de deux enfants.
L'histoire ou ce que je veux en dire :
Nguyên An Tinh est née à Saîgon dans une famille aisée de notables et commerçants. Petite fille" muette", elle s'efface dans
le sillage de sa volubile cousine et se donne le temps des rêves qui font grandir. L'arrivée du communisme, la peur, la fuite vont accélérer le temps en effaçant les repères de son enfance. Un
camp de réfugiés en Malaisie puis le Canada plein de promesses. Ses souvenirs riches, colorés, parfumés, sensibles, Kim Thuy nous les offre comme la permission de passer un doigt sur son
âme pour en apprécier la texture.
Mon avis sur la question :
Kim Thuy m'a pris doucement la main, menée sur sa barque, où de l'air sur sa peau elle m'a offert la douce haleine. J'ai
senti son coeur vide et désenchanté, le besoin d'éteindre ce feu qui brûle ses racines partout encore et quotidiennement: "achetant sans scrupule une paire de souliers dont le prix, là où je suis
née, suffirait à nourrir une famille de cinq personnes. Il suffit que le vendeur promette " you'll walk on air".
L'image qu il me restera de ce roman :
"Moi, je n'ai jamais eu d'autres questions que celle du moment avant l'arrivée de mes enfants, car j'ai perdu l'option de mourir. L'odeur surette de leurs cheveux cuits sous le soleil, l'odeur poussiéreuse de leurs mains à la sortie des classes m'ont obligé et m'obligent à vivre, à être éblouie par l'ombre de leur cils, à être émue par un flocon de neige, à être renversée par une larme sur leur joue. Mes enfants m'ont donné le pouvoir exclusif de souffler sur une plaie pour faire disparaître la douleur, de comprendre des mots non prononcés,de détenir la vérité universelle, d'être une fée. Une fée éprise de leurs odeurs."
Une phrase du roman qui donne le ton :
"Je me suis avancée dans la trace de leurs (-ses parents-) pas comme dans un rêve éveillé où le parfum n'est plus une odeur, mais un épanouissement; où le rouge profond d'une feuille d'érable à l'automne n'est plus une couleur mais une grâce; où un pays n'est plus un lieu , mais une berceuse."
Trois mots pour définir ce livre
:
Lumières; cicatrices; poire.