Colum McCann, auteur Irlandais, aime les personnages tourmentés, les atmosphères d'underground et les vies en marge.
Avec Danseur, l'auteur nous raconte le destin hors norme de Rudolph Noureiev, immense artiste qui marqua à jamais le monde de la danse.
Il retrace ainsi la vie, les espoirs et les souffrances d'un homme exceptionnel . Noureïev est né en 1938 en Russie , il va connaitre les privations, le froid et la faim et va très vite se créer sa bulle d'oxygène salvatrice dans la danse. Malgré le désir de son père de le voir devenir médecin, Noureiev ne cessera jamais de danser envers et contre tout.
Colum McCann nous raconte aussi son exil vers l'Ouest où l'attend le succès, la richesse et les dérives destructrices.
Condamné à 7 ans de travaux forcés par la Russie pour traîtrise à la patrie, il devra attendre 30 ans pour retourner sur sa terre natale et revoir sa mère et sa soeur alors qu'il est devenu une star, et c'est probablement ce retour très touchant à la fin du roman qui nous révèle peut-être le véritable visage de Noureiev.
Personnage ambitieux qui voulait atteindre la perfection aux prix de souffrance et de travail frôlant parfois la folie, personnage égocentrique qui pouvait être méprisant et détestable, personnage en perpétuelle dualité interieure dûe à ses origines et à cette ascension fulgurante, personnage en fuite constante qui s'est réfugié dans la danse bien sûr, mais aussi dans tous les excès qui brûlent.
Si le personnage m'a fascinée, je n'en reste pas moins assez mitigée sur la manière dont Colum McCann nous raconte cette vie tumultueuse.
Tout d'abord, le choix d'une narration très déstabilisante : les différents personnages qui entourent Rudolf Noureiev vont être les narrateurs de l'histoire, à tour de rôle et sans jamais être introduit. Si le procédé peut être très intéressant, j'ai trouvé ici qu'il apportait de la confusion au récit.
Ensuite, Colum McCann prend le parti de s'attacher aux excès, aux rencontres réels ou imaginaires et à cette vie sulfureuse qui caractérise Noureiev. Alors oui, tout cela fait parti du personnage mais trop de détails et trop de répétitions ont rendu le récit un peu long .
Enfin, l'amatrice de ballet que je suis, aurais aimé en savoir plus sur le travail de l'artiste, en tant que danseur mais aussi en tant que chorégraphe, et là, l'auteur ne semble pas s'intéresser à cette partie de la vie de Noureiev puisque il ne rentre jamais dans le fond du sujet.
Reste que c'est un roman à lire pour mieux cerner l'immense artiste qu'était Noureiev avec un fond social et historique sur la Russie très intéressant et de magnifiques passages.
"Il faut rester debout et fort, et repousser le destin qu'on nous impose.[...] Tamara si ces mots te parviennent, dis à maman que je pense sans cesse à elle. Dis-lui que son fils danse pour un monde meilleur. Et chuchote mon nom aux brins d'herbe où mon père repose. Voilà tout. "
Rudik
(Lettre à sa soeur)
Le mot de l'éditeur :
Des forêts de l'Oural aux clubs de l'underground new-yorkais en passant par Leningrad et les hauts lieux de la jet-set internationale, un roman flamboyant porté par une écriture âpre et riche où se dessine une somptueuse histoire d'amour, d'art et d'exil.
En 1944, dans un hôpital soviétique, Rudik, six ans, danse pour son premier public : aucun des soldats mutilés n'oubliera cet instant éblouissant...
Dès lors, ce fils de paysan sait. Il sait qu'il ne reculera devant rien : mentir à sa mère, braver la colère du père, endurer brimades et humiliations. Pour danser comme il le doit, il ira jusqu'à s'exiler à jamais.
Travailleur acharné, obsédé de beauté et de perfection, Rudik fascinera tous ceux qui croiseront sa route, leur offrant le sentiment d'avoir côtoyé un ange ou un démon, un vrai génie, un monstre de sexe et d'excès. Une icône du XXe siècle : Noureev