Voilà un titre à faire accourir tous les fans d'Audiard (... moi en tête !), et pourtant Edouard Louis nous entraîne à mille lieux des Tontons flingueurs avec ce premier roman .
"En finir avec Eddy Bellegueule", relève davantage du témoignage psycho-socio-dramatique, dont les médias ne tarissent pas d'éloges, et comme bien souvent quand les critiques littéraires sont tous dithyrambiques, il faut se méfier !!!!
Vous l'avez compris, je n'ai pas été subjuguée. Disons que ce premier roman est certes un témoignage fort et déchirant mais il ne faudrait pas confondre littérature et témoignage ... enfin, moi ce que j'en dis !!
Alors de quoi ça parle ? Nous sommes plongés (noyés ?) dans le quotidien sombre et lourd d'un gamin de 10 ans, lui-même plongé dans une misère sociale sordide. Le récit débute dans une violence crasse et se poursuit dans un sentiment d'étouffement tant le climat est déprimant voire asphyxiant .
Rien ne va dans la vie d'Eddy Bellegueule, ni le décor d'usine grisâtre du Nord, ni le cocon familial sur lequel règne un père alcoolique et brutal et une mère qui ne rêve même plus pour ses enfants .
C'est dans ce climat misérabiliste où l'intolérance, le racisme et la violence sont monnaies courantes qu'Eddy découvre son homosexualité et c'est le début du récit d'un cauchemar annoncé pour ce gosse, pas né au bon endroit.
Le témoignage est si poignant qu'on pense forcément à un roman autobiographique, l'auteur a 21 ans et je ne peux que saluer ce récit percutant, sincère et écrit avec justesse vu son jeune âge.
Néanmoins, ce roman m'a dérangée, je me suis sentie oppressée , mal à l'aise, à la limite du supportable, je n'ai d'ailleurs pas eu envie de le terminer à un quart de la fin.
Trop moche, trop gris, trop triste, trop lourd, trop réaliste , trop déprimant, trop ! C'en fut trop pour moi ! Je n'ai pourtant rien contre les romans sombres ou tristes, je serais plutôt une adepte de la littérature du chagrin, mais l'exercice est difficile et le résultat peut vite ressembler à un étalage nauséabond.
Il n'en reste pas moins que le récit est à lire pour combattre encore et toujours l'homophobie et plaider pour le respect de la différence, sauf que nous le savons ce ne sont pas ceux qui auraient besoin de le lire qui le liront ... alors pour les autres, lecteurs tolérants et intelligents, ce roman ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes et n'apportent pas grand chose de plus ... ce fut en tout cas mon sentiment durant toute la lecture du roman.
Le mot de l'éditeur :
Élevé dans une famille ouvrière de Picardie, Eddy ne ressemble pas aux autres enfants. Sa manière de se tenir, son élocution, sa délicatesse lui valent de nombreuses humiliations et injures, tant par ses camarades de classe que par son père alcoolique et sa mère revêche. Lui-même finit par s’interroger sur cette homosexualité dont on le taxe avant même qu’il éprouve le moindre désir. Mais la véritable persécution ne vient-elle pas du conditionnement social ? Il parviendra à s’arracher à cette chape écrasante, qui donne au récit une allure zolienne, et à imposer sa personnalité en poursuivant des études de théâtre à Amiens, loin de l’enfer familial et villageois qu’il a connu. Ce texte, psychologiquement frappant, dresse un tableau saisissant d’un monde populaire brutal et sensiblement archaïque. Mais la finesse de l’auteur, par ailleurs sociologue, resitue dans un contexte social le drame familial qui aurait pu devenir une vraie tragédie individuelle. Comment échapper à la détermination ? Comment chaque être peut-il inventer sa liberté ?