On parle souvent d'Alice Ferney ici...
Et pour cause...
Vous avez -chers lecteurs, cheres lecteuses- les deux plus grandes fans d'Alice Ferney que la blogosphère ait porté !
Ici, oui, oui je dis bien là, pour vous, derrière leurs écrans respectifs, unies -ou presque- par leur admiration commune pour cette auteure.
Ainsi avez-vous déjà peut-être lu les chroniques sur "Grâce et dénuement", "Passé sous silence" et "Paradis conjugal"
Alors, ok on pourrait aussi vous parler de "L'élégance des veuves", "Les autres" et "Dans la guerre" mais.... bon...... 'minute papillon', on a quatre mains à nous deux, mais d'autres choses à écrire également !
Je supplante donc Malika sur ce coup là, car mon ptit doigt m'a dit que le titre dont je vais parler n'aurait pas été terminé du côté de la Varenne...
L'ouest parisien contre l'est parisien, sur le terrain de "la conversation amoureuse", il semblerait que le neuf deux ait mis le neuf quatre un peu KO !
Le pitch :
Ce roman aurait pu s'appeler "le Livre de l'Amour". Gilles est un homme mûr en instance de divorce, Pauline est une belle jeune femme heureuse en ménage. Ils se connaissent à peine, et pourtant la soirée les mène inexorablement l'un vers l'autre. De sous-entendus en aveux, leur dialogue fait de silences et de trouble révèle la magie du commencement. En parallèle, d'autres couples se font et se défont en d'autres conversations amoureuses. On assiste, émerveillé, à la naissance d'une passion inéluctable tout en décryptant le jeu de la séduction. Avec talent, Alice Ferney saisit délicatement le désir et ses frémissements
Mon point de vue :
Je suis hyper admirative lorsque je lis des histoires presque 'banales' mais dont la puissance de vérité me tient en haleine pendant 300 pages.
Car on parle bien d'une histoire banale ou comment une femme tombe amoureuse d'un homme.
N'est-ce pas un sujet des plus communs ?
Et bien, Alice Ferney réussit l'exploit de décortiquer avec finesse ces milliers de petits papillons qui volettent autour de cette situation...
Papillons répondant au doux prénoms de Séduction, Rencontre, Timidité, Envie, Désir, Sensualité, Adultère, Trahison, Ressentiment, Sexe...
Avec des mots simples elle réussit à analyser le sentiment amoureux de l'homme ET de la femme.
Et alors que John Gray nous explique que les hommes viennent de mars et les femmes de Vénus, Alice Ferney, telle une artiste joaillère nous dit que "l'horloge des femmes et celle des hommes dans l'amour n'ont pas les mêmes aiguilles"...
Voilà ce que j'aime chez elle, c'est cette façon si jolie de dire des vérités !
Elle a ce pouvoir de me faire sentir son héroïne ou personnage... Je pense que ce qui me touche chez elle c'est cette capacité qu'elle a à me transférer dans ses livres.
Je me retrouve, je retrouve mes ami(e)s, je retrouve des situations vécues... et je m'identifie à 100% à ses histoires ! A l'écrire ici, je me rends compte que c'est en cela que j'aime cette écrivaine, j'ai l'impression qu'elle écrit POUR MOI.
C'est grave Docteur ?
Extraits :
"La voix peut-être aussi préhensile qu'un corps. Elle entre alors en vous plus loin que ne le fait un sexe. Que peut une voix ? se disait l'amoureuse. Une voix peut vous habiter, se loger au creux du ventre, en plein dans la poitrine, au bord de l'oreille, et harceler ce qui en vous est le besoin d'amour, l'attiser, le soulever comme le vent la mer. Est-ce que j'aime une voix ? souffrait-elle."
"Un amour adultère et un amour conjugal sont comme deux jumeaux que la vie n'a pas pareillement comblés."
"La tendresse est-elle un venin, une drogue dont on ne se passe plus ?"
Et puis son écriture, son style...
Au-delà, d'écrire un français parfait, d'utiliser un vocabulaire plaisant et de ne jamais se louper sur la concordance des temps (!) elle a le chic pour se lancer dans des constructions difficiles.
J'avais été séduite par l'exercice compliqué de la soirée vue par trois personnes différentes avec des jeux de miroirs psychanalytiques ("les autres"), je découvre qu'elle est capable de me faire avaler un roman avec de multiples dialogues -écrits au kilomètre- dans le même paragraphe.
Comprendre que les dialogues sont généralement écrit sur la forme : 1 ligne = 1 personne...
Pour autant, la compréhension n'en est pas plus difficile, elle demande juste un peu plus de concentration ! Mais quelle performance !
Donc, je le répète, cette femme a un talent fou...
Une fois de plus elle m'a scotchée !
Et vous ? Que retenez-vous d'Alice Ferney ?