Tolstoï...
Je ne m’y étais jamais collée…
Alors lorsque Jean-Marc nous a proposé ce titre en mai, j’ai foncé.
Après tout… Que risquai-je ? Tout au plus de refermer le livre s’il m’était désagréable ou incompréhensible…
Et oui, j'ai les ‘à priori’ tenaces, surtout lorsqu’il s’agit de lecture ! Mais je me soigne et je les fais sauter petit à petit…
Ainsi, ai-je découvert Philippe Labro (mais c’est un autre sujet !).
Donc ce Tolstoï… Il porte le titre d’une sonate de Beethoven, mais rien à voir avec la choucroute me direz-vous ! Et vous avez raison : ça n’a rien à voir avec la choucroute en effet !
J’ai lu ce livre avant l’été et la fiche de lecture sera certainement moins précise que celles que je peux rédiger dans la foulée de ma lecture…
Mémoire de poisson rouge ?
Certes.
Le pitch :
Je posai le revolver et le recouvris d'un journal. Je m'approchai de la porte et l'ouvris. C'était la sœur de ma femme, une veuve à la fois bonne et stupide... - Vassia, va la voir. Ah ! c'est affreux, dit-elle. "Aller la voir ?" m'interrogeai-je. Aussitôt je me répondis qu'il fallait aller la voir, que probablement cela se faisait toujours. Quand un mari, comme moi, avait tué sa femme, il fallait certainement qu'il aille la voir. "Si cela se fait, il faut y aller, me dis-je. Et si c'est nécessaire j'aurai toujours le temps", songeai-je à propos de mon intention de me suicider... - Attends, dis-je à ma belle-sœur, c'est bête d'y aller sans bottes, laisse-moi au moins mettre mes pantoufles.
Mon point de vue :
Pozdnychev a épousé une jolie jeune femme sur le tard. Au bout de quelques années sa passion est intacte mais la jalousie le poussera à commettre un acte irréparable.
C’est donc au cours d'un voyage en train que le narrateur qui fait la connaissance d'un homme étrange va lui raconter son histoire.
Le personnage principal est totalement sous l’emprise de l’obsession de divers sentiments mêlés… C’est d’ailleurs, la progression du sentiment de jalousie chez lui allié à une misogynie, un égoïsme et un orgueil sans pareil qui seront les premières causes de ce drame conjugal.
Alors, ce qui m'épate n’est pas tellement ce que cet ouvrage contient de délirant, mais plutôt ce qu’il conserve de raison...
Il a une vision des choses tellement convaincante que même si l'on n’est pas tout à fait d'accord on finit par l'être quand même !
Incroyable... Une force de persuasion telle qu'il transmet à son lecteur son ressenti personnel. Mais au-delà de la grande maîtrise de l'écriture il a un sens du réalisme psychologique incroyable.
Enfin, les pulsions de la libido sont magnifiquement décrites, contrariant l'idéalisme des nobles pensées...
Un auteur avec une vision de la vie conjugale et plus globalement familiale pour le moins tranchante... Il propose des solutions moralisatrices et totalement castratrices (à faire dresser
les cheveux sur la tête de Françoise Dolto !!).
Enfin, ce qui est chouette avec les classiques, et je me le dis à chaque fois que j’en referme un, c’est qu’on n’est rarement déçu (je reviendrais un jour ou l’autre sur Louis Ferdinand qui voyage au bout de la nuit !)