Livre lu hors cercle...
Quelle histoire !
J'aime bien préciser les raisons du choix de mes livres. J'ai déjà expliqué que je me laissais séduire par un titre accrocheur, une jolie couverture, une 4ème de couv alléchante, un auteur de prédilection etc...
Alors là, c'est encore plus simple... Mon fils aîné s'appelle Edgar !
Et Dieu merci, il va avoir 8 ans et le facteur ne lui a pas roulé sur la tête.
Le pitch :
À chaque époque son destin, à chacun sa route, à chacun son chemin. Or, le destin d'Edgar Mint, aussi singulier soit-il, colle parfaitement aux années 2000. Imaginez un gamin de sept ans, élevé par une mère apache alcoolique et une grand-mère qui n'ouvre la bouche que pour pousser des cris à l'attention des dieux. Imaginez que ce même gamin se fait rouler sur la tête par la jeep du facteur un brûlant après-midi d'été tandis que sa mère cuve ses bières sous un arbre à canettes. On le croit mort, il est sauvé in extremis par un docteur "Mabuse" sans scrupule. Heureusement sorti du coma, Edgar commence ainsi sa seconde vie dans un hôpital, côtoyant les autres gueules cassés de la vie et découvrant ses nouvelles facultés émotives et sensorielles. Car si l'accident a laissé des séquelles indélébiles, il a en même temps développé chez l'enfant une formidable acuité à décrypter la frénésie et l'incohérence du monde qui l'entoure. Poursuivi sans relâche par son sauveur de médecin devenu dealer et un complice junky, Edgar se retrouve dans un pensionnat pour jeunes Indiens délinquants, sorte d'antichambre du chaos généralisé. Il n'en sortira indemne qu'en tapant comme un fou sur sa vieille machine à écrire puis en finissant par découvrir la foi auprès de deux représentants de l'Église Mormon ! Absurdités et paradoxes, pourrait-on songer. Mais imaginez un instant que cette histoire soit vraie et vous auriez alors partagé le fabuleux destin d'Edgar Mint, roman trash, poétique, empli d'humour et de fureur, en un mot : génial.
Mon point de vue :
C'est le premier roman que je lis avec pour toile de fond : les indiens. On y apprend beaucoup de choses sur cette partie de l'Amérique fort méconnue. Leur mode de vie, leurs mœurs, leurs relations aux autres.
C'est également le premier roman (de mémoire) qui alterne une prise de parole à la 1ère et à la 3ème personne, c'est original.
Enfin, l'histoire...
Edgar nous dépeint sa vie -dure !- en 3 grandes parties...
1- L'hôpital, les suites de son accident. Truculent !
2- Le pensionnat, les sévices, la loi du plus fort, l'amitié. Excellent, réaliste, génial.
3- Sa famille d'accueil, la vie chez les Mormons. C'est la partie la plus longue selon moi, mais comme la fin approche et qu'elle est totalement inattendue, on oublie les longueurs.
La construction est originale, les chapitres sont courts. On a presque l’impression que l’auteur joue avec la cadence de son écriture en introduisant parfois des chapitres avec un moindre intérêt pour mieux rebondir derrière.
Le livre n'est pas sans rappeler celui de John Irving... J'ai lu quelque part que ce petit Edgar était aux années 2000 ce que fût Garp aux années 1980. Je suis assez d'accord avec ça.
J'avais adoré "le monde selon Gap" et le fait que, quelques années plus tard, j'ai été totalement embarquée par Brady Udall n'est donc pas très étonnant !
Bref, je conseille vivement (mais attention : PAVE de 550 pages)
Mon billet d'humeur :
Alors, pour faire un clin d'oeil à la soirée du Cercle de vendredi dernier -soirée placée sous le signe de la controverse-, je vais préciser que je suis friande de 'littérature américaine'. Grand chapeau fourre tout pour coller des auteurs contemporains, qui aujourd'hui n'ont pas encore trouvé leur place et pour cause ils ne sont pas morts !
Arrêtons là le suspens, la controverse est partie du bouquin de Douglas Kennedy, "A la poursuite du bonheur", plébiscité par 3 d'entre nous et dénigré par 3 autres.
C'était donc le style Kennedy contre l'histoire de Kennedy !
Mais comment juger d'un style littéraire ?
Je peux comprendre la controverse qui peut naître sous le mot 'littérature'... On imagine de suite un style, un sens esthétique à l'écrit qui n'est pas forcément le trait majeur des oeuvres contemporaines à mon sens.
Donc, je trouve assez difficile d'en juger. Je crois que le style d'un auteur d'aujourd'hui vous plaît ou non. Je suis assez basique comme fille mais je sais dire pourquoi un style me plaît un autre non... Mais je crois qu'on peut aussi concevoir que les autres -Dieu merci- ne soient pas comme vous et trouvent des qualités là où vous n'avez trouvé que des défauts.
Et si le style n'a pas plu, qu'en est-il de l'histoire ?
Reste une chose qui me tient à coeur, c'est "la lecture pour tous" et j'ajouterais "toutes les lectures"... Je suis fière d'afficher des lectures classiques, d'autres un peu chic, mais je n'aurai jamais honte de dire que me sont passées entre les mains nombres de navets, de "chick lit", de polars à 2 balles...
Ce qui est sûr c'est que le 1er à venir me faire chier avec ça se prendra une correction !
Enfin pour clore ce chapitre, et je dois dire que je n'ai pas couché ici tout ce que j'aimerais dire -ce serait trop long-, je trouve que globalement nos amis d'outre atlantique sont des as pour vous conter une histoire mais pas forcément pour vous la conter joliment (même si ok on peut pas mettre tous les oeufs dans le même panier) .
Mais au fond, n'est ce pas la vraie différence entre les Américains et les Français : ce goût de l'esthétisme...
On les traite bien de "bourrains déculturés" non ?
Et dire que je prône la paix des ménages..........