Le remplaçant d'Agnès Desarthe
Attention un Agnès Desarthe peut en cacher un autre !!! ... mais alors un tout autre !!!
Après avoir beaucoup aimé "Dans la nuit brune", je me suis laissée tenter par le livre que Leila nous proposait pour notre Cercle du 3 décembre.
Et je dois dire que j'ai beaucoup moins aimé ...
Agnès Desarthe rend ici hommage à son anti-héros préféré : son grand père, qui n'est pas vraiment son grand-père d'où le surnom de "remplaçant" .
Tout ceci pourrait être fort intéressant voire émouvant sauf qu'Agnès Desarthe prend des tours et des détours, se perd en chemin ... retombe sur un autre personnage dont on ne comprend pas le rapport avec son grand-père ... bref tout cela est bien confus, pour ne pas dire embrouillé.
Et chose étonnante et drôle, elle reconnaît et nous explique elle-même le travers de son roman à la page 68 :
"Certains objets sont voués à nous échapper, à nous manquer, d'autres les remplacent. On veut écrire un livre et c'est un autre qui vient. On croit inventer un héros et il a la tête de notre voisin de palier. J'écris toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue."
Du coup on l'excuse presque ...mais le livre n'en reste pas moins loupé, malgré ce regard toujours pertinent et légèrement décalé que j'ai tant apprécié dans "La nuit brune".
Le mot de l'éditeur :
Photo de familleAvec ce deuxième titre de la collection « Figures libres », Agnès Desarthe joue complètement le jeu et nous livre plus qu’un autoportrait : une radiographie de son imaginaire personnel – et familial. Elle écrit : « Peut-être ferais-je mieux de commencer par expliquer que mon grand-père n’est pas mon grand-père. Bouz, Boris, Baruch n’est pas le père de ma mère. Le père de ma mère a été tué à Auschwitz en 1942. B.B.B. – appelons-le ainsi, pour le faire court – est l’homme avec qui ma grand-mère, la vraie, a refait sa vie…si l’on peut dire. »Né à Cernowitz , à moins qu’il ne s’agisse de Kichinev, dans ces lointaines provinces de l’empire des Habsbourg qui furent successivement roumaines, soviétiques ou ukrainiennes, B.B.B. traverse le siècle sans déranger personne. En occupant la place laissée vacante par le grand-père disparu, il joue désormais un rôle à la fois discret et nécessaire. Ce vieux monsieur excentrique est la pièce manquante du puzzle familial. Agnès lui doit d’avoir compris une bonne partie de son identité, longtemps occultée, comme chez certains personnages d’I.B. Singer.« Je voulais écrire sur un homme exemplaire », dit encore l’auteur. Exemplaire, mais de quoi, de qui ? Et pourquoi la figure d’un homme héroïque, le Dr Janus Korczak, qui sauva les orphelins du ghetto de Varsovie, surgit-elle soudain en surimpression ?Avec tendresse, avec humour, avec obstination, Agnès Desarthe déchiffre le palimpseste de la mémoire dans ce qui restera, à l’évidence, comme un de ses plus beaux textes.