Classique parmi les classiques, Les âmes mortes de Gogol tient une place de taille parmi les grandes oeuvres du siècle d'or de la littérature russe.
Toujours très attirée par cette littérature venue de l'Est, il ne faut pas trop me tenter pour que je m'acoquine de plus belle avec Dostoevsky, Boulgakov ou ici Gogol !!
L'idée que je me fais de la Russie est purement et viscéralement liée à ces grands noms, et bien qu'elle soit obsolète et totalement romantique, c'est l'image que j'entretiens et souhaite conserver de ce pays .
L'âme de la Russie faite de passions tourmentées et d'idéaux malmenés est une constante dans la littérature russe et c'est précisément cette âme là que je recherche et affectionne particulièrement, dénominateur commun de tous les grands romans que j'ai aimé jusque là, Les âmes mortes y a trouvé sa place comme il se doit mais ce ne sera pas mon roman russe préféré néanmoins !!
L'histoire est celle de Tchitchikov, qui ambitionne quelques titres de noblesse et souhaite pour y parvenir acquérir auprès de quelques propriétaires terriens, l'âme des serfs morts depuis le dernier recensement.
De cette proposition grotesque voire loufoque, Gogol va mettre en lumière les travers de ses contemporains mais surtout de l'âme humaine dans son intemporalité.
L'imagination burlesque de Gogol, l'audace du propos pour dénoncer une Russie hypocrite et mercantile, le style satirique et théâtrale, la fameuse âme russe qui transpire dans tout le roman et la construction du récit qui nous balade et nous offre une galerie de portraits des plus savoureuses, tout y est pour faire de ce roman un chef d'oeuvre.
Un roman très ambitieux qui aura donné bien du tracas à son auteur qui souhaitait lui donner une issue morale et qui brûla et recommença sa seconde partie à plusieurs reprise jusqu'à laisser son roman inachevé à sa mort en 1852.
Ce ne sera pas mon roman russe préféré mais c'est indéniablement un très grand roman, de ceux qu'on relit à différentes périodes de sa vie tant les niveaux de lecture sont multiples et la richesse du contenu infini.
Le mot de l'éditeur :
"Et voulez-vous faire de cet état ?» s'enquit alors Manilov.
Cette question parut embarrasser le visiteur... «Vous désirez savoir ce que j'en veux faire ? Voici : je désire acheter des paysans... prononça enfin Tchitchikov qui s'arrêta net.
- Permettez-moi de vous demander, dit Manilov, comment vous désirez les acheter : avec ou sans la terre ?
- Non, il ne s'agit pas précisément de paysans, répondit Tchitchikov : je voudrais avoir des morts...
- Comment ? Excusez... je suis un peu dur d'oreille, j'ai cru entendre un mot étrange.
- J'ai l'intention d'acheter des morts...»