Laurence Tardieu, que je découvrais avec ce roman, nous livre le récit déchirant d'un couple face au pire : la disparition d'un enfant.
Sujet tabou pour grand nombre des membres du Cercle, je ne présenterai pas ce livre sur une prochaine liste, et pourtant que d'émotion, que de force, que d'amour !
Le récit, bien sûr, est ce qu'il est - un père et une mère vont devoir faire face à la disparition de leur fille un soir en rentrant de l'école - il fait peur et il fait mal, qu'on ait des enfants ou pas.
Mais la profondeur et la beauté d'un roman ne passe pas par son histoire mais bel et bien par la plume qui la raconte, non ?!!
Or la plume de Laurence Tardieu est belle, forte et juste. Elle nous touche sans nous mettre mal à l'aise, elle éveille notre interiorité dans ce qu'elle a de plus profond et on ressort de cette lecture plus fort et plus vivant.
"Voilà peut-être ce qu'il faudrait accepter : on ne fait que passer. Et quand bien même l'amour, le combat, la souffrance à en devenir fou ... De tout ça un jour il ne reste rien."
La grandeur de ce roman tient au fait qu'en nous parlant de la douleur insoutenable de perdre un enfant, elle nous livre le récit d'amour très fort de deux êtres incapables d'affronter l'insurmontable ensemble.
Son écriture est d'une telle sensibilité et d'une telle finesse , qu'elle me laisse penser que ses autres romans doivent être tout aussi remarquables ...
Le mot de l'éditeur :
« Comme tant d’autres la lettre de Geneviève écrite au crayon à papier d’une main tremblante aurait pu s’égarer et jamais je ne l’aurais reçue, jamais je n’aurais appris que Geneviève est en train de mourir, j’aurais continué à vivre comme chaque jour, de façon médiocre et satisfaisante, ne dérogeant jamais à mon précepte favori, sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille, parce que c’est la seule manière pour moi de tenir debout, je le sais, la seule manière. Mais je ne peux pas rebrousser chemin. Je ne peux plus tricher. Je vais au-devant de toi et c’est comme aller au-devant d’un abîme. »
Pourquoi Geneviève a-t-elle à ce point besoin de le revoir ? Tout n’a-t-il pas fini il y a quinze ans ? À quoi bon se faire du mal si elle n’est bientôt plus de ce monde ? Pourquoi remuer la souffrance en eux ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser tout cela reposer en paix ? Si ses jours étaient comptés, aurait-il agi comme elle, la priant de venir à son chevet ? Comment se mettre à la place de quelqu’un qui va mourir ? Malgré ses interrogations et son aspiration à l’oubli, Vincent prend ses clés de voiture et se précipite vers la femme qui l’appelle. Leurs retrouvailles ressuscitent le souvenir de Clara, leur petite fille disparue.