Il y a les auteurs qui me déçoivent de roman en roman et il y a ceux qui m'émerveillent et me fascinent un peu plus à chaque nouvelle lecture : Delphine de Vigan est de ceux là !!
Je l'ai découverte en lisant "No et moi", elle m'a conquise avec "Les heures souterraines", et j'ai été subjuguée par "Rien ne s'oppose à la nuit" ...
Dès les premières pages de ce roman très autobiographique, elle parvient avec pudeur, délicatesse et force à la fois à nous toucher dans ce que nous avons de plus personnel et à capter une attention dévouée et bienveillante ...
Comme je me suis sentie proche de Delphine de Vigan durant la lecture de ce roman, son histoire n'est certes pas la mienne, et pourtant, ses interrogations, ses doutes, son désir si noble et tellement légitime de vouloir rendre un dernier hommage à sa mère en lui confectionnant un "cercueil de papier", tout cela me touche et résonne très fortement en moi.
J'ai aimé ce combat intérieur, douloureux, épuisant et permanent que l'auteur a dû subir pour écrire ce roman. Elle raconte de manière juste et forte l'urgence et la nécessité d'écrire sur sa mère, telle une obligation qui s'imposa à elle de manière radicale sans qu'elle puisse s'en échapper .
C'est bien sûr une belle déclaration d'amour d'une fille à sa mère, mais c'est aussi et surtout un magnifique roman universel écrit par un grand auteur.
Le mot de l'éditeur :
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.