Solaire de Ian McEwan
Ma rencontre avec ce roman :
Une critique,dans un magazine feuilleté quelque-part, où figuraient les mots "comique "et
"intelligent".
L'histoire ou ce que je veux en dire :
Mesquin, petit, gros, chauve, cynique, alcoolique et obsédé sexuel, mais il y a quelques décennies prix nobel de physique,
Michael Beard voit s'éteindre son cinquième mariage. Il en serait presque remis à un examen de conscience lorsqu'un sordide accident lui fournit de quoi redorer son blason en devenant pionnier du
photovoltaïque. Antipathique mais attachant, bourré de défauts et pourtant séduisant ; de malaises en cocasses expériences, de muffleries en veuleries, Michael Beard finit par nous faire sourire
tant il est représentatif "d'une époque cérébrale" et sans charme.
L'auteur ou ce que j'en sais :
Ian Mac Ewan est né en 1948. Fils d'un autoritaire officier britannique, il a passé une grande partie de sa jeunesse en
extrême-orient , puis en Lybie et en Allemagne.
Il est reconnu comme l'un des plus grand écrivains anglais de sa génération .
Ses 63 ans ne le privent ni de son regard félin ni de son élégante prestance, ce qui ajoute aux charmes mystérieux de cet
"explorateur des gouffres de l'inconscient" .
Mon avis sur la question :
Je suis stupéfaite de l'emprise immédiate à laquelle m'a soumise la narration. La toile parfaite tissée par l'auteur m'a
emprisonnée comme elle l'a fait pour le héros auquel malgré mes réticences, je me suis attachée. Le propos écologique, bien que les informations scientifiques très documentées foisonnent, reste
secondaire. Sa vie dissolue conduit l'écolo-sceptique sournois qu'est Michael Beard à accepter une invitation au pôle Nord où il vivra quelques aventures
burlesques.
L'image qu'il me restera de ce roman :
Bien évidemment et comme tout le monde je crois les scènes burlesques par moins 40°c., mais surtout : le
contraste des très belles sensations et descriptions esthétiques, faces à celles très crues des ébats de Michael Beard avec Darlène, volumineuse maîtresse "de cinquante et un an au corps aussi
flasque, enflé et fatigué,aussi bleui par les varices que le sien.", amatrice de biéres, de chewing-gum et de barbecues texans vivant dans une caravane et accumulant les petits jobs. Ce contraste
répond à celui tout aussi net entre le Génie scientifique, lettré et ambitieux qu'il était et l'opportuniste cynique et désabusé qu'il est devenu.
Une phrase du roman qui donne le ton :
(Alors que son avion amorce sa descente) _"De cette hauteur, nous ressemblions à un lichen foisonnant, à une variété d'algues
prédatrices, à la moisissure enveloppant un fruit pourri. Quelle réussite! Vive les spores!".
Trois mots pour définir ce livre :
Caustique,drôle, attachant........( Cet exercice est vraiment dur!)
Le mot de l'éditeur :
Michael Beard aurait tout de l’antihéros pathétique (boulimique, chauve, bedonnant, il est proche de la soixantaine et son cinquième mariage est sur le déclin) s’il ne s’était vu décerner le Prix Nobel de physique. Croyant que son heure de gloire est derrière lui, il végète en faisant de vagues recherches sur les énergies renouvelables, et c’est par ailleurs un coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’il rencontre un étudiant, Tom Aldous, qui prétend avoir trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique. Contre toute attente, cette rencontre va remettre Michael Beard en selle. Celui-ci décide de se rendre au pôle Nord et à son retour, il va de surprise en surprise. Non seulement il trouve Aldous installé chez lui (il est flagrant qu’il est devenu l’amant de sa femme) ; mais lorsque Beard lui demande de quitter les lieux, Aldous glisse malencontreusement, sa tête heurte le coin de la table et il meurt. Beard se débrouille alors pour faire accuser Tarpin, l’amant « officiel » de sa femme, lequel écopera de 18 ans de prison. Dans le même temps, Beard compulse les notes qu’Aldous avait laissées pour lui. Il se les approprie et parcourt le monde de conférence en conférence en prônant cette thèse d’avant-garde, mais ne tarde pas à se voir traité d’imposteur et de plagiaire par son propre centre de recherche, désireux de récupérer le brevet… Comme souvent chez McEwan, trajectoire individuelle et destin collectif sont indissociables : de même que l’état de la planète sert de toile de fond pour mettre en scène les déviances de Michael Beard et le pousser dans ses derniers retranchements, les errements du physicien représentent autant de signes avant-coureurs de l’apocalypse annoncée. Le comique du début cède la place à une ironie absolue, le divertissement à la parabole. Beard, qui devait sauver la planète du désastre écologique, apparaît pour ce qu’il est : un prédateur narcissique incapable d’accepter la moindre frustration. Malgré ses promesses répétées de se réformer, il remet sans cesse au lendemain et court à sa perte. Comme l’humanité. Le dernier sommet de Copenhague rend d’une actualité « brûlante » ce roman, sans doute l’un des plus intelligents et des plus narquois de Ian McEwan.