Agnès Desarthe a cette particularité de traiter de sujets inhabituels sous un angle toujours singulier, c'est ainsi qu'Une partie de chasse débute avec pour narrateur, un lapin.
Un lapin doué de sentiment et de raison qui nous fait partager sa crainte du chasseur et sa détermination à ne pas mourir jeune.
Saugrenue, farfelue ou enfantin me direz-vous ? Et bien non, pas quand c'est Agnès Desarthe qui tient la plume. On est en totale empathie avec ce lapin, embarqué dans son combat jusqu'au moment où le chasseur entre en scène ...
Et c'est au tour du chasseur de devenir narrateur, et bien entendu le dit-chasseur n'est pas celui auquel on s'attend.
L'approche d'Agnès Desarthe est toujours basée sur le ressenti, l'empathie et donc la psychologie des personnages, la partie de chasse sera ainsi le pretexte à faire sortir des traits de caractères, à panser de vieilles blessures et peut-être à faire taire de vilains fantômes.
Je suis toujours interpellée par les romans d'Agnès Desarthe, jamais vraiment de coup de coeur mais toujours un état de refléxion sur des sujets auxquels je ne réfléchis pas vraiment ou plutôt pas sous cet angle là. Et c'est probablement ce qui me plaît chez elle, ce talent et cette intelligence à nous faire regarder les choses autrement.
Et j'en étais là de ma reflexion, lorsque l'auteur prit un virage à 180 degrés et changea complètement de sujet. De chasse il n'est plus question, on ne se préoccupe plus du tout du petit lapin ... bref, on se retrouve plongé dans une toute autre histoire (pas particulièrement intéressante de surcroît) alors qu'on nous avait pourtant annoncé une partie de chasse !
Dommage, j'aurais préféré que le roman s'attarde davantage sur le lapin que sur le chasseur, mon côté "amis des bêtes" sûrement.
Alors oui, déçue que l'auteur n'ait pas approfondi cette confrontation entre l'homme et l'animal, n'ait pas creusé la psychologie du chasseur. D'autant que le procédé du come-back pour appréhender les personnages m'a semblée un peu facile avec un sérieu manque d'intensité. Bref, ce court roman qui démarrait très fort a fini par m'ennuyer profondément.
Le mot de l'éditeur :
Un roman d'éducation: fureur et mystèreAu cours d?une partie de chasse, un homme tombe dans une galerie souterraine. Tristan est désigné pour rester sur les lieux tandis que les autres iront chercher du renfort. Mais les secours n?arrivent pas et la tempête se lève. Une longue attente commence. Tout en essayant de soutenir moralement celui qui s?est blessé en tombant (et dont il se sent si loin), Tristan se remémore la suite des événements. Il revit sa rencontre avec sa femme Emma, l?évolution de leur relation. C?est elle qui l?a convaincu de partir chasser, pour que les autres l?acceptent dans le cercle des hommes. Il repense aussi à sa mère malade dont l?image le hante encore aujourd?hui, au petit garçon docile qu?il était alors à son chevet. Et lui, qui a toujours plié sous la volonté des femmes, interroge enfin la place de son propre désir.Tristan s?abrite de la tempête comme on se terre au fond d?un terrier, dialoguant en cachette avec un animal rescapé de la partie de chasse, quand les voix des humains ne lui parviennent plus. La nature se déchaîne alors dans une colère salutaire. Et peut-être le déluge, qui emporte tout sur son passage, obéit-il au rêve de Tristan de faire table rase.Avec Une partie de chasse, Agnès Desarthe signe un roman violent et énigmatique. Il nous parle d'un monde que les dieux auraient abandonné, laissant la place aux pulsions les plus secrètes qui dorment dans le c?ur des hommes.