Il en est de certains romans comme de certains monstres sacrés que l'on n'oserait pas approcher...!!!
Voyage au bout de la nuit faisait partie de ceux là avant ...! Avant, c'était avant que je ne le lise ...et le désacralise !!!!
Lilia, a eu la bonne idée de proposer ce titre pour notre Cercle du 5 novembre dernier, et je me suis dit : "allez, si tu ne le lis pas là, tu ne le liras jamais ...". et voici donc comment je me suis attaquée au monstre !!!
Et quand je dis "attaquée" ...je devrais dire "coltinée" !!!
Quoi, comment ...qui ose s'attaquer à un monument de la littérature ?!!!
Euh, ce n'est que moi ... modeste lectrice, mais qui assume pleinement ses choix et ses goûts !!
Alors non je n'ai pas aimé et oui je me suis même ennuyée ...
Tout d'abord, il y a la plume de Louis Ferdinand Céline, certes très affûtée voire tranchante, un débit assez étourdissant et un style pour le moins novateur pour l'époque ... Mais ... son style n'est pas agréable à la lecture, nul musicalité ni fluidité ...alors peut être que lu par un Lucchini ça change tout ...mais dans ce cas qui doit on saluer l'auteur ou l'interprète ?!
Ensuite, il y a le fond, la trame dramatique du roman. Toute l'histoire tourne autour d'un seul et unique personnage, Bardamu, et 500 pages pour un seul homme ...ça fait beaucoup, surtout quand le dit-protagoniste ne vit rien d'exaltant et passe son temps à broyer du noir et à râler sur l'espèce humaine !!!
Alors, oui bien sûr ce livre a dû être une bombe littéraire en son temps, pour le style révolutionnaire, pour les propos pas politiquement corrects du tout ... mais nous parlons là d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ...et je dirais même les moins de cinquante ans non plus !!!
Autrement dit, son style n'a plus rien de révolutionnaire ...Hubert Selby Junior est passé par là depuis, et ses idées audacieuses sur la guerre et la nature humaine ... sont devenues pour le moins un lieu commun !!
Pour finir, ce qui m'a le plus ennuyé dans ce récit c'est le regard de Céline ... on n'y décèle ni bienveillance, ni sérénité mais beaucoup de rancoeur et de désenchantement ... trop loin de mes aspirations pour que je m'y retrouve !!!
Mais le débat est, ô combien, ouvert ...
Le mot de l'éditeur :
"- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...
- T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne
changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout
le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça
gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...
- Il y a l'amour, Bardamu !
- Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds."