Comme il est difficile de parler de certains romans tant la résonance de l'éloge paraît toujours en deçà du ressenti et le vocabulaire toujours trop pauvre pour décrire leur grandeur et l'effet "chair de poule" qu'ils provoquent chez moi à leur lecture ... Mais Dieu que c'est beau !!!!!
Lire La promesse de l'aube, c'est lire en apnée tant Romain Gary nous coupe le souffle par la justesse et la beauté d'âme qui se dégage de chaque ligne, c'est prendre une grande claque à chaque page tant son regard est lucide sur les hommes et la vie, et c'est surtout avoir le coeur rempli d'amour tant on est admiratif et reconnaissant à des hommes comme lui tout simplement d'avoir existé et d'avoir écrit !
Et puis il y a le ton avec lequel il joue et qui lui permet de désamorcer les douleurs et les angoisses. Romain Gary est toujours sur le fil entre le rire et l'émotion, entre l'envie d'y croire et la résignation. Il en parle d'ailleurs avec une lucidité déconcertante.
"L'humour a été pour moi, tout le long du chemin, un fraternel compagnonnage; je lui dois mes seuls instants véritables de triomphe sur l'adversité [...]. L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive."
Ce roman autobiographique nous permet de mieux comprendre l'oeuvre de cet immense écrivain et de découvrir un homme exceptionnel aux vies multiples et aux blessures profondes.
Un livre qui devrait se lire et s'étudier dans chaque lycée de France à l'heure du débat sur l'identité nationale, tout y est dit !
Et puis c'est aussi une histoire d'amour belle et bouleversante à faire pleurer les coeurs de pierre, entre une mère et son fils.
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ces jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné."
Et tout le livre est aussi beau et fort ... son talent est démesuré !!!
Talent d'autant plus impressionnant quand on sait qu'il est l'auteur d'un livre aussi différent que La vie devant soi (et on comprend d'ailleurs pourquoi deux noms de plume !!) et pourtant les dénominateurs communs de ces deux romans sont facilement identifiables : Amour, Humanité, Lucidité.
Le mot de l'éditeur :
- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France - tous ces voyous ne savent pas qui tu es ! Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ?